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Œuvres de femmes artistes au Musée du Louvre

Le Louvre est l'un des musées les plus importants du monde ; un musée qui, depuis ses débuts, perpétue, réaffirme et écrit le canon des arts : ce qu'est l'art, qui doit le faire, comment il doit être. C'est pourquoi, explorer ses salles à la recherche d'œuvres de facture féminine n'est pas seulement un défi amusant mais aussi un acte politique.


Vous êtes-vous déjà demandé quelles femmes ont "réussi" à entrer au Louvre ? Nous savons déjà que nous pouvons voir La Gioconda de Léonard, La Liberté guidant le peuple de David ou Le Radeau de la Méduse de Géricault, mais qu'en est-il des femmes artistes ? Voici une liste non complète ou exhaustive mais stimulante d'œuvres de femmes artistes.


Portrait d'une femme noire, par Marie Guillemine Benoist (1800)

1. Portrait d'une femme noire, par Marie Guillemine Benoist (1800)

SALLE 935 - AILE SULLY, NIVEAU 2


Cette peinture à l'huile, de l'époque romantique, nous offre pour la première fois une vision éloignée de l'exotisme pour représenter les cultures non occidentales. Il existe une longue tradition de peintres et d'œuvres qui, pour dépeindre la culture noire, indigène, arabe ou toute autre culture non blanche et non occidentale, ont chargé leurs toiles d'éléments exotiques. Sans aller plus loin, et sans sortir du musée, on peut voir L'Odalisque d'Ingres (1839) qui résume parfaitement ce que l'on a appelé dans l'histoire de l'art "l'orientalisme".


Mais revenons à l'œuvre de Benoist. Ainsi, dans cette peinture nous avons pour la première fois une peinture d'une femme noire qui est extrêmement proche de nous. L'œuvre est le fruit de la propre initiative de l'artiste (elle n'a été commandée par personne) et, vu le point de vue intime qu'elle présente, il ne serait pas fou de penser que, peut-être, le peintre et le représenté se connaissaient.


En 1794, l'esclavage avait été aboli après la Révolution française (sur le territoire français, y compris ses colonies). Ainsi, le fait de dépeindre une femme noire aussi fidèlement que possible, sans la charger de significations exotiques, nous semble être une déclaration d'intention de la part de Benoist, qui réaffirme la liberté, l'égalité et la conscience de ce que c'est que d'être une femme dans le monde. Et encore plus, d'être une femme noire dans le monde.

Instruments de musique, par Anne Vallayer-Coster (1770)

2. Instruments de musique, par Anne Vallayer-Coster (1770)

SALLE 933 - AILE SULLY, NIVEAU 2


Le XVIIe siècle voit l'apparition des genres picturaux. Ne vous méprenez pas, ce n'est pas qu'ils n'existaient pas avant. Ce qui est vrai, c'est que c'est seulement à ce moment de l'histoire qu'ils se sont diversifiés et que leurs caractéristiques sont devenues plus schématiques. Dans ce panorama, apparaissent des peintures du genre nature morte, souvent liées à la charge symbolique du memento mori (souviens-toi que tu vas mourir). Autrement dit, des tableaux qui nous montrent de la nourriture, des fleurs, des animaux, des éléments liés au jeu, des instruments de musique, des livres, des œuvres d'art, des bijoux... tous les éléments banals de notre vie. Aussi riches et cultivés que nous soyons dans la vie, nous mourrons tous et nous ne devons pas l'oublier. Tel est le message. En fait, il est également courant de trouver d'autres éléments qui font allusion au caractère éphémère de la vie, comme des bulles de savon, des sabliers ou des fleurs fanées.


Anne Vallayer-Coster nous présente une nature morte remplie d'instruments de musique à vent et à cordes. Une partition ouverte aux bords usés sert de support à cette abondance musicale. À droite, une bougie éteinte fait allusion à la fugacité de la vie, et une nappe bleue, lourde et douce, clôt la composition dans la marge inférieure.


Il en existe d'autres dans la collection de Vallayer-Coster, également des natures mortes, comme Panaches de mer, lithophytes et coquilles (1769).


Coupe de cerises, prunes et melon, par Louise Moillon (1633)

3. Coupe de cerises, prunes et melon, par Louise Moillon (1633)

SALLE 911 - AILE SULLY, NIVEAU 2


Pour continuer avec les natures mortes, nous tombons sur Moillon, au risque de nous mettre en appétit. Le travail de texture est le point culminant de cette œuvre, où les fruits et légumes semblent totalement réels et où nous sommes invités à les attraper (ne faites pas cela, sinon un garde viendra vous interpeller).


Vase de fleurs, par Élise Bruyère (XIXe siècle)

4. Vase de fleurs, par Élise Bruyère (XIXe siècle)

SALLE 543 - AILE RICHELIEU, NIVEAU 1


Bruyère a également peint des natures mortes. Dans ce cas des fleurs. Et il est intéressant de rappeler ici une chose : beaucoup de femmes se sont consacrées au genre de la nature morte parce que c'était le seul qu'elles pouvaient développer. Rappelons que dans les académies des beaux-arts, les femmes étaient interdites car il était inconvenant pour elles d'assister à des cours de mannequins vivants et de voir des personnes nues ! Elles n'ont donc pas eu d'autre choix que de se passer de tous les genres qui mettent en valeur l'anatomie humaine. Elles étaient donc relégués à la culture des genres les moins importants sur l'échelle des valeurs que l'Académie elle-même avait établie.


Ici, un vase grec de figures rouges contient des fleurs amidonnées de toutes les couleurs tandis que de délicats papillons libèrent leur nectar.


La Joyeuse Compagnie, par Judith Leyster (1630)

5. La Joyeuse Compagnie, par Judith Leyster (1630)

SALLE 846 - AILE RICHEL IEU, NIVEAU 2


En parlant de genres picturaux, c'est dans le même contexte qu'apparaissent les peintures dites " de genre ", montrant des scènes de la vie quotidienne. La reine incontestée de ce genre est Judith Leyster, une peintre néerlandaise qui a produit des œuvres magnifiques et qui a trouvé sa voie en tant que première femme artiste (certains disent qu'elle était en fait la deuxième) à être admise à la guilde des artistes de Haarlem (au XVIIe siècle, en Flandre et aux Pays-Bas, l'appartenance à une guilde était essentielle pour une carrière professionnelle en tant qu'artiste). Nombre de ses œuvres ont ensuite été attribuées par erreur (par erreur ?) à Frans Hals.


Grâce au travail dévoué et puissant de nombreux historiens de l'art, plusieurs œuvres ont été réattribuées à sa main. Dans ce tableau, nous voyons un couple : il joue d'un instrument tandis que son compagnon semble être sur le point de se servir un autre verre. Elle le regarde vivement, que voudrait-il lui dire ?


La Paix ramenant l'Abondance, par Louise-Élisabeth Vigée-Le Brun (1780)

6. La Paix ramenant l'Abondance, par Louise-Élisabeth Vigée-Le Brun (1780)

SALLE 933 - AILE SULLY, NIVEAU 2


Enfin, nous avons l'œuvre de la magnifique et incontournable Louise-Élisabeth Vigée-Le Brun qui a fait le portrait de Marie-Antoinette elle-même. Cette œuvre, que nous voyons ici, a été son passeport pour l'Académie. "Abondance" est la femme représentée avec des cheveux blonds décorés de fleurs, accompagnée de "paix". Vigée-Le Brun était plus connue pour ses portraits, ce qui ne l'a pas empêchée de peindre cette allégorie représentant un message de paix et de prospérité.



Tant pis pour la visite du Louvre. Si nous pouvions accéder au cellier, nous verrions de nombreuses autres œuvres de femmes peintres telles que le Portrait de madame Lesould, de Louise-Élisabeth Vigée-Le Brun (XVIIIe siècle) ; Racine lisant Athalie devant Louis XIV et Madame de Maintenon, de Julie Phlipault (1819) ou les deux œuvres de Constance Mayer-Lamartinière L'heureuse mère et Le Rêve du bonheur du début du XIXe siècle.


Et maintenant que vous savez tout cela, allez-vous retourner au musée pour chercher ces peintures ?


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